pénétré jusqu’ici ? — Homme, que demandes tu ? m’apportes-tu de nouveaux chagrins ?… Tu vas sans doute me répondre que oui ; car qui pourrait entrer dans la demeure d’une infortunée ? qui même la connaît, sa demeure, si ce n’est celui qui veut ajouter à ses chagrins ?… (À part.) Il se cache le visage, et ne me répond que par le silence. (Appelant.) Béatrix, apporte un flambeau. (À part.) Ciel ! il me semble que je suis changée en une froide statue (Béatrix apporte un flambeau.) Homme, pourquoi es-tu entré ici pour me causer tant de crainte et d’épouvante ?
Quand nous serons seuls vous le saurez.
Entrez, je n’ai pas peur ; bien que l’avenir me prépare autant de douleurs que j’en ai eu dans le passé. — Eh quoi ! vous ne vous découvrez pas encore ?
Il faut auparavant que je ferme cette porte.
Je suis toute troublée. (Appelant.) Holà !
Ne criez pas.
Je me meurs. (Haut.) Eh bien, qui êtes-vous ?
C’est moi !
Le ciel me protège ! Que vois-je ?
Me connaissez-vous ?
Oui, sire, car il est impossible au soleil de se déguiser aux yeux des mortels… Vous, à cette heure dans ma maison ! Vous, vous venez chez moi dans ce modeste équipage ! Qu’ordonnez-vous ? me voilà à vos pieds. Ôtez-moi, au nom de Dieu, ôtez-moi de cette affreuse incertitude. Apprenez-moi si cette visite est châtiment ou faveur.
Ce n’est, Blanca, ni une faveur ni un châtiment ; c’est une des obligations de mon métier ; car c’est aussi un métier que d’être roi.
Et à quoi, sire, ce titre vous oblige-t-il envers moi ?
Reprenez vos couleurs, reprenez haleine, remettez votre cœur ; car j’ai besoin, Blanca, que vous soyez parfaitement rendue à vous-même. — Votre fils, en public, a offensé votre époux ; votre époux