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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/158

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DISSERTATION SUR LES

Latin, diſoient ils, & par conſéquent vous le devez croire. Nous n’aurions rien avancé de nier la conſequence ; on nous donnoit tous les matins la Comédie par un fidele récit des nouvelles folies qu’avoit fait cet oiſeau de nuit : on l’accuſoit même d’avoir commis les péchés les plus abominables.

Les Citoyens les plus zelés pour le bien public croyoient qu’on avoit manqué au point le plus eſſentiel de la céremonie. Il ne falloit, ſelon eux, célébrer la Meſſe qu’après avoir arraché le cœur de ce malheureux : ils prétendoient qu’avec cette précaution, on n’auroit pas manqué de ſurprendre le Diable, & ſans doute il n’auroit eu garde d’y revenir, au lieu qu’ayant commencé par la Meſſe, il avoit eu, diſoient-ils, tout le tems de s’enfuir, & d’y revenir enſuite à ſon aiſe.

Après tous ces raiſonnemens on ſe trouva dans le même embarras que le premier jour ; on s’aſſemble ſoir & matin, on raiſonne, on fait des proceſſions pendant trois jours & trois nuits, on oblige les Papas de jeûner : on les voyoit courir dans les maiſons le goupillon à la main, jetter de l’eau bénite & en laver les portes ; ils en rempliſſoient même la bouche de ce pauvre Vroucolacas. Nous