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Page:Calmet - Traité sur les apparitions des esprits, tome 2, 1751.djvu/159

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REVENANS EN CORPS.

dîmes ſi ſouvent aux Adminiſtrateurs de la ville, que dans un pareil cas on ne manqueroit pas en Chrétienté de faire le guet la nuit, pour obſerver ce qui ſe paſſeroit dans la ville, qu’enfin on arrêta quelques vagabonds, qui aſſûrément avoient part à tous ces déſordres. Apparemment ce n’en étoient pas les principaux auteurs, ou bien on les relâcha trop-tôt : car deux jours après pour ſe dédommager du jeûne qu’ils avoient fait en priſon, ils recommencerent à vuider les cruches de vin de ceux qui étoient aſſez ſots pour abandonner leurs maiſons dans la nuit ; on fut donc obligé d’en revenir aux prieres.

Un jour comme on récitoit certaines oraiſons, après avoir planté je ne ſais combien d’épées nuës ſur la foſſe de ce cadavre, que l’on déterroit trois ou quatre fois par jour, ſuivant le caprice du premier venu, un Albanois qui par occaſion ſe trouva à Micon, s’aviſa de dire d’un ton de Docteur, qu’il étoit fort ridicule en pareil cas de ſe ſervir des épées des Chrétiens. Ne voyez-vous pas, pauvres aveugles, diſoit-il, que la garde de ces épées faiſant une croix avec la poignée, empêche le Diable de ſortir de ce corps ? que ne vous ſervez-