Page:Cambry - Description du département de l’Oise - Tome 1.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cornes ou de baleines. Les quatre-vingts lunettiers ne gagnent guère au-delà d’une livre par jour, ce qui leur donne pour dix mois de travail à-peu-près 19200 liv. : les deux cents cinquante ouvriers qui frottent gagnent à-peu-près 70 centimes par jour, ce qui fait dans neuf mois de travail une somme de 36105 liv. ; ils s’occupent pendant les trois autres mois aux travaux de la campagne.

Cinq ou six marchands font travailler pour leur compte : on estime que leur bénéfice s’élève à 6000 liv. par année.

Le premier ouvrier qui ait fait des lunettes à Songeons se nommoit Jean Deshayes ; il étoit de Campaux : ce bienfaiteur de son pays est mort en 1774. C’est en 1787 que cette fabrique reçut son principal accroissement, depuis qu’on monte en baleine les lunettes qu’auparavant on garnissoit de cuir ou de laiton.

Les verres de Venise jusqu’en 1789 ont fait tort à ceux de Songeons ; mais depuis qu’on fait des verres de biseau dans le verre commun, les débits de Songeons augmentent : à cette époque aussi l’art de polir le verre s’étoit perfectionné dans nos fabriques. Les machines qu’emploient les Vénitiens pour leurs verres leur donnent un grand avantage sur des hommes qui ne savent en polir qu’un à la fois : je leur ai dernièrement procuré des molettes, à l’aide desquelles ils pourront en polir quatorze en même temps. Nos