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La foi à la sorcellerie est une des plaies de cette région. Il n’est pas de maladie, pas de malheur qui ne soit attribué à des sortilèges ou à l’action d’esprits malfaisants, et l’on a recours au magicien dans l’espoir d’être soustrait à la malignité qui produit tous les-maux.

En exploitant tour à tour les espérances et les craintes de ses dupes, le sorcier ne tarde pas à se créer une existence confortable. Mais arrive le jour des revers : un personnage important, le chef ou quelqu’un de sa famille tombe malade ; le magicien est soupçonné, ou accusé par un rival d’avoir jeté un sort à l’affligé ; et à moins qu’il ne prenne la fuite, ou ne parvienne à tourner le flot populaire contre son accusateur, il est saisi, attaché à un poteau et brûlé à petit feu jusqu’à ce qu’il avoue son crime. Alors on entasse les brandons sur lui, et son agonie est promptement terminée.


Collines rocheuses, près d’Ousékhé.

Souvent, pendant le supplice, le magicien, pris d’une sorte de délire, maintient sa réputation et se vante des maux qu’il prétend avoir causés :

« J’ai appelé la mort sur un tel. — J’ai empêché de pleuvoir. — C’est moi qui ai poussé les Vouahoumba à enlever le bétail. »

En mainte circonstance, il croit lui-même au pouvoir qu’on lui prête ; dans tous les cas, il est cru et redouté de ceux qu’il trompe.