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tentes ; ils y ont laissé des témoignages vivants de leur présence. »

Le 1er août, nous nous remettions en marche ; et après une longue étape dans une forêt très giboyeuse, nous arrivions à Simmbo.

Murphy avait rencontré une girafe ; dans son étonnement, il n’avait pensé à faire usage de son raïfle qu’au moment où l’animal était hors d’atteinte.

D’autre part, en traversant une clairière couverte d’herbe, Dillon et moi nous avions vu des buffles ; mais le troupeau avait flairé la caravane et pris la fuite, avant que nous l’eussions rejoint d’assez près pour le tirer.

Nous étions alors entrés sous bois, chacun d’un côté de la route. Les antilopes étaient en grand nombre. J’en frappai une, qui alla mourir dans un fourré d’épines, un hallier inextricable où elle fut perdue pour nous.

Les perdrix et autre gibier plume des jungles abondante ; à un endroit je fis partir une bande de pintades si nombreuse que le ciel en fut obscurci ; malheureusement je n’avais que des balles explosibles et des cartouches à balle.

Tout en vaguant de la sorte, battant le fourré, j’arrivai à une estacade ayant des parties couvertes — une espèce de blockhaus. L’idée me vint tout à coup que ce pouvait être un lieu de halte d’une bande de rougas-rougas, qui parcourait le pays, bande contre laquelle on nous avait mis en garde. Je n’avançai donc qu’avec la plus grande précaution ; et rien n’annonçant que l’endroit fût habité, j’allai jusqu’à la porte. Un coup d’œil jeté dans l’enceinte me fit voir une quantité de marmites et d’ustensiles de cuisine, près d’un foyer dont les tisons fumaient encore et autour duquel gisaient les débris d’un repas récent.

Cette vue confirmant mes soupçons, je m’éloignai aussi furtivement que je m’étais approché. Inutile de dire que je ne chassai plus, craignant d’attirer l’attention des bandits par mes coups de feu et d’être chassé à mon tour.

C’était bien un repaire de rougas-rougas, j’en ai eu plus tard la certitude. Si les brigands avaient été au gîte, rien n’aurait pu me sauver ; et ils n’étaient partis que pour aller s’embusquer sur la route que nous devions suivre.

Sortis du fourré, j’eus bientôt rejoint mes hommes. Peu de temps après, nous étions à Maroua, lieu où s’arrêtent les cara-