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déclara à cette caravane qu’elle ne passerait que quand il aurait touché le prix de son ivoire. Contraint de céder, l’Arabe offrit une portion de ce qui était dû ; mais Mirammbo n’était pas l’homme des compromis ; il décida qu’il se payerait lui-même, attaqua l’Arabe et fit main basse sur toute la cargaison[1].

Depuis cette époque la guerre continue, au grand détriment du commerce ; une guerre de détail, source de misères sans nombre ; car Mirammbo est toujours en course et porte la destruction dans tous les endroits où l’on refuse d’être avec lui. Il a envahi plus d’une fois les établissements arabes et emmené les troupeaux, à la barbe des propriétaires, pendant que ceux-ci barricadés dans leurs demeures, craignaient de lui résister.

Il se trouvait alors dans l’Ounyanyemmbé une garnison de mille Béloutches, qui, pendant notre séjour, s’augmenta de deux mille hommes envoyés de la côte. Les Arabes avaient en outre des alliés parmi les indigènes, et s’ils avaient pu s’entendre, ils auraient facilement écrasé Mirammbo ; mais il y avait parmi eux tant de coteries se jalousant, que pas un seul plan n’était suivi.

Des deux côtés, la guerre se faisait d’une manière révoltante. Ni les uns ni les autres n’avaient la moindre idée d’un combat loyal. Brûler des villages inoffensifs, attaquer des gens sans défense, les pousser dans une embuscade et les assassiner, paraissait être pour eux le comble de la gloire.

Cette barbarie était entretenue par les Arabes, qui donnaient deux esclaves — mâle et femelle — à quiconque apportait un lambeau de l’ennemi qu’il avait tué.

Naturellement, pareille conduite provoquait les représailles, et la lutte s’envenimait de plus en plus. Pour ma part, je ne peux qu’admirer la bravoure et la détermination dont Mirammbo faisait preuve.

Le surlendemain de notre tournée de visites, je fus pris de la fièvre. Dillon et Murphy ne tardèrent pas à l’avoir.

Les porteurs qui avaient formé notre première bande étant partis, ceux que nous avions loués en arrivant, et dont la solde était mensuelle, pensèrent que le moment était favorable pour

  1. Voyez au sujet de cette guerre les détails que donne Stanley, et qui, bien que plaçant Mirammbo sous un jour peu favorable, ne contredisent pas ceux qu’on vient de lire. Stanley avait reçu des Arabes les informations qu’il transcrit, page 213, de Comment j’ai retrouvé Livingstone. (Note du traducteur.)