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j’ordonnai au métis de payer à Murphy la valeur de l’étoffe qu’il lui avait fait perdre, et cela immédiatement, sous peine d’être mis aux fers et livré à Saïd Ibn Sélim.

Après quelque résistance, le métis aima mieux payer que d’être envoyé au gouverneur, qui probablement l’aurait fait fusiller, ou tout au moins conduire à la côte pour être puni par le sultan.

J’ai su plus tard qu’Ibn Sélim et Abdallah Ibn Nassib avaient agi à diverses reprises pour empêcher les gens déshonnêtes de Taborah de nous enlever nos porteurs. Ils auraient, sans nul doute, pris des mesures énergiques s’ils n’avaient pas craint de faire naître des divisions dans la colonie pendant que Mirammbo tenait la campagne.

Malgré tous les efforts de Mrima Ngommbé, le chef de l’Ougounda, qui me témoignait beaucoup d’affection, me rendant de fréquentes visites et m’apportant de la bière, il me fut impossible de trouver des pagazis : personne ne voulait partir pendant la saison des semailles.

Je réduisis de nouveau mon bagage personnel, faisant de tous mes effets une seule charge. Il me resta encore plus de ballots que de porteurs ; et ne pouvant pas trouver d’hommes, même à la journée, je laissai douze balles de verroterie sous la garde du chef. J’écrivis à Ibn Sélim de me les faire expédier par la première occasion ; et le 8 décembre, après avoir souhaité bon voyage à Murphy, je partis de Kouikourouh. Une longue marche nous fit gagner Mapalatta.

À notre approche, les habitants fermèrent les portes ; ils avaient eu récemment à se plaindre des marchands d’esclaves, et se défiaient de tous les étrangers. Mais nos allures pacifiques les eurent bientôt rassurés ; et ils nous laissèrent entrer chez eux.

Suivant Asmani, qui nous avait rejoints à la station précédente, nous devions être plusieurs jours sans rencontrer de villages, d’où la nécessité de se procurer des vivres. Il était probable que cette assertion n’était pas plus exacte que celles du même genre dont nous avions reconnu la fausseté ; toutefois il était prudent de ne pas se risquer dans la jungle sans provisions, et je décidai qu’il y aurait séjour pour acheter et pour nettoyer le grain nécessaire.

Le chef du village était un vieillard repoussant, affecté de delirium tremens, seul exemple de cette maladie que j’aie rencon-