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Le lendemain, notre guide paraissant douter du chemin, je me mis à la tête de la caravane, que je dirigeai au moyen de la boussole ; et après cinq heures de marche à travers une jungle très giboyeuse, mais dépourvue de sentier, nous nous établîmes près de quelques étangs, situés dans une clairière.

Je pris mon fusil et j’allai faire un tour aux environs du bivouac ; les pistes de girafe et d’autres grands animaux étaient nombreuses. J’avisai une belle antilope, et, me mettant à la rampée, je m’efforçai de la rejoindre ; mais je n’étais pas encore à bonne distance, lorsque Léo, que j’avais laissé au camp, m’ayant retrouvé, exprima sa joie d’une manière si bruyante que l’antilope s’effraya, et toute chance de l’atteindre fut perdue.

Revenu au bivouac, j’y trouvai des gens de Séid Ibn Sélim qui étaient à la recherche de trois femmes appartenant à leur maître ; ces femmes avaient, disait-on, accompagné les hommes que j’avais envoyés dans l’Ounyanyemmbé avec Mohammed Mélim. On les découvrit, en effet, sur quoi je donnai l’ordre de les rendre immédiatement.

Pendant la nuit, deux autres de mes porteurs prirent la fuite ; mais un chasseur que j’avais rencontré dans les bois vint m’offrir ses services et la perte fut à moitié réparée.

Toujours guidés par la boussole, nous poursuivîmes notre marche à travers la jungle. Léo fit partir une harde d’antilopes ; mes gens découvrirent une litée de marcassins ; je tuai l’un de ces petits criards ; et au bout de quelques heures, nous nous trouvâmes entourés d’arbres, qui, dépouillés de leur écorce, annonçaient des habitants.

Peu de temps après, nous tombions sur un sentier qui nous faisait traverser des défrichements de date récente, où les souches des arbres abattus, s’élevant à quatre pieds du sol, produisaient l’effet le plus curieux. Ce sentier nous conduisit au dernier village de l’Ougounda. Bien qu’il fût encore de bonne heure, je me décidai à faire halte ; trois grandes étapes nous séparaient de la première bourgade que nous devions rencontrer, il fallait acheter des provisions.

Les vivres abondaient ; je me procurai facilement du grain pour quatre jours, et donnai l’ordre de le nettoyer tout de suite, au lieu de permettre aux hommes d’y passer la journée suivante.

Le village était grand, fortement construit, et datait évidem-