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hammed, qui me ramènerait Jasmin. Il arriva le lendemain soir, ramenant en effet mon âne, mais avec une plaie sur le dos qui ne permettait pas de le monter.

Ce jour-là, j’avais eu l’occasion de voir un indigène confectionner un sac pour transporter du grain. Ayant retiré de l’eau, où elle trempait depuis plusieurs jours, une forte perche d’environ quatorze pieds de longueur, mon homme en enleva l’écorce en la frappant avec un petit maillet, Il mit ensuite un lien solide autour de la perche, à trois pieds de l’un des bouts, détacha et retourna le liber en commençant par l’autre extrémité, se servant pour cette double opération d’une espèce de doloire faite d’une branche courbe, dont la partie supérieure, en forme de lame, avait été taillée de manière à la rendre tranchante.

Ceci terminé, l’homme coupa la perche au-dessus du lien qui l’entourait ; puis il retourna l’écorce de nouveau, et l’élargit en la battant avec le maillet dont se servent les indigènes pour faire leur étoffe, battage qui rendit l’écorce plus souple.

L’ouvrier eut alors un sac, dans lequel il mit du grain, qu’il pressa le plus possible. Le sac étant rempli, il le ferma avec un morceau de liane et l’entoura de larges bandes d’écorce. Quand il eut achevé ce bandage, le ballot ressembla à un traversin très dur, de six à sept pieds de long — l’expansion latérale ayant raccourci l’étoffe du sac, — traversin pourvu d’une tige de trois pieds de hauteur. Cet appendice a pour objet de préserver le ballot de l’humidité du sol, chaque fois que le porteur se décharge.

Des sacs du même genre, mais beaucoup plus grands, plantés dans le village et soigneusement couverts d’un toit de chaume, font l’office de greniers.

Pendant notre séjour dans l’Ounyanyemmbé, un de nos ânes avait pris la fuite ; j’avais envoyé à sa recherche Oumbari et Manoua Séra, l’un des gens de Livingstone ; ils étaient revenus sans la bête, ne l’ayant pas retrouvée, disaient-ils. J’acquis ici la certitude qu’ils l’avaient vendue. Sur cette découverte, je chassai Oumbari de la caravane ; ce n’était pas seulement un fripon, mais un être maussade, toujours grognant et semant le mécontentement parmi les autres.

Cette exécution faite, je levai le camp de Chikourouh — qui, par parenthèse, est le Kouikourouh de Stanley —, et je partis le 2 janvier 1874, après un retard causé par quelques-uns de mes hommes qui étaient allés prendre la chair d’un buffle qu’ils avaient tué.