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CHAPITRE XII


L’Ougara. — Téhouéré. — Quartier général de Mirammbo. — Destruction et désolation. — Ravages du commerce d’esclaves. — Étonnement des indigènes au sujet de Léo. — Ornements. — Liohoua. — Mes favoris. — Brigands. — Fortes pluies. Ruches. — Fuite devant un buffle. — Perdu dans la jungle. — Une panique. — Résidences rocheuses. — Tentative d’extorsion. — Sermon sur l’hospitalité. — Ses bons effets. — Rien à manger. — Mort de Jasmin. — Familiarité de ma chèvre. — Villages hostiles. — Charge d’un buffle.


Remis en marche le 8 janvier, nous rencontrâmes bientôt les envoyés de Taka, chef du district oriental de l’Ougara[1]. Ces gens étaient chargés de savoir pourquoi j’étais entré chez leur maître sans l’avoir averti de notre approche. Je leur expliquai l’affaire ; ils revinrent avec nous et me montrèrent l’endroit où nous devions camper ; mais il ne nous fut pas permis de nous établir dans Téhouéré, où finissait l’étape.

Ce dernier village ne paraissait être qu’une masse de végétation ; les arbres y étaient si serrés et si touffus qu’on n’apercevait rien des cases ; les palissades elles-mêmes, construites avec des branches du figuier à étoffe, avaient pris racine, émis des rejets et des feuilles, et ressemblaient aux fortifications de Robinson Crusoé.

La résidence de Taka, située à quelque sept milles de nous, vers le nord, se serait trouvée sur notre chemin, si on nous eût permis de suivre la route que nous avions prise à notre premier départ d’Hissinéné.

À peine étions-nous installés, que d’autres gens de Taka vin-

  1. L’Ougara, dans lequel nous étions alors, est divisé en trois chefferies indépendantes. Il n’est pas considéré comme faisant partie de l’Ounyamouési proprement dit ; mais sa population est la même que celle de cette dernière province ; elle a les mêmes marques nationales, le même langage et se distingue difficilement de ses voisins d’autre race.