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qui sépare l’Oufipa de l’Ouloungou ; puis nous doublâmes une petite pointe basse, dont les murailles avaient l’air d’avoir été construites de main d’homme. Cette formation particulière n’existait du reste qu’à l’extrémité ; plus près de la base du cap, la falaise différait complètement. Les assises en étaient également aussi régulières que possible ; et au sommet, dans les endroits où elle était dénudée, la surface, qui n’offrait aucune brèche, était parfaitement de niveau. Je suppose donc que cette falaise était composée d’un nombre incalculable de strates.

Il y avait là une bourgade déserte ; j’en vis d’autres également abandonnées, par suite du décès de quelque notable.

Une éclipse eut lieu dans l’après-midi ; nous étions alors campés à Loungou. Le soleil était caché dans les nuages ; quand il se dégagea, la pluie tombait et il se forma deux arcs-en-ciel parfaitement distincts, qui disparurent pendant trois minutes du champ de l’éclipse et se reproduisirent quelques instants avant le coucher du soleil.

La diminution de la lumière fut très sensible ; une partie de mon équipage en profita pour voler sept chèvres aux gens du village voisin. Il y avait trop de monde impliqué dans l’affaire pour que l’on pût découvrir les vrais coupables ; mais je renvoyai les chèvres à leurs maîtres avec un présent de verroterie pour chacun de ces derniers. Si, au lieu de sept bêtes, mes hommes n’en avaient pris qu’une, il est très probable qu’ils l’auraient mangée hors du bivouac ; j’aurais ignoré le fait, et les indigènes auraient eu des blancs une opinion peu flatteuse.

La rive courait maintenant droit à l’ouest ; selon toute apparence nous étions à l’extrémité du lac. Toutefois, au sud-est, un bras étroit s’enfonçait dans les terres, à une distance que l’on disait être d’une vingtaine de milles ; il s’y terminait dans un fourré de grandes herbes, où débouchait le Kirammboué.

Apercevant un village, tous mes hommes éprouvèrent le besoin de faire halte, sous prétexte d’aller acheter des vivres ; mais deux jours avant nous avions fait des provisions pour une semaine ; les bateaux étaient encombrés de patates, de bananes, de sacs de grain ; je n’acceptai pas cette vaine excuse d’un accès de paresse.

Le cap Yamini, devant lequel nous passâmes, a de hautes falaises qui ressemblent à des remparts en ruines. Il est certain que ce sont là des formations naturelles ; néanmoins les restes