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garder à leur aise ; d’autre part, un homme important, dont le canot était mené par douze rameurs, eut le courage de s’aventurer à quelques centaines de yards de la terre ferme, également pour me contempler.

Partout des champs étendus, des huttes éparses, des hameaux sans estacades : nous entrions évidemment dans une contrée paisible.

Marchant vent arrière avec une forte houle, notre barque roulait et bondissait comme un marsouin, m’empêchant de relever la côte.

Je devins même très désireux de rencontrer un bon atterrissage ; car avec pareille brise et pareilles lames, il ne pouvait qu’arriver malheur à nos bateaux s’ils venaient à toucher les récifs, et nous nous arrêtâmes près de Mona Kaloumvoué.

Pendant la nuit, quelques indigènes firent grand vacarme en se querellant avec mes hommes à propos d’étoffe qui avait été volée, et que le propriétaire réclamait hautement. La cotonnade fut retrouvée et rendue ; le voleur s’était sauvé dans la jungle ; mais il ne perdit rien pour attendre : saisi le lendemain matin, il reçut en présence de tout l’équipage, officiellement rassemblé, une flagellation en règle ; le jeune Bilâl, qui avait trempé dans l’affaire, fut traité de même.

J’aurais voulu faire un petit cadeau au propriétaire de l’étoffe pour le dédommager de l’ennui qu’il avait eu ; mais il était parti immédiatement après avoir repris sa cotonnade.

Le lendemain, bien que le vent parût faiblir, les vagues n’en étaient pas moins fortes. Cependant je me mis en route ; le cap Mirammbi fut doublé ; puis nous croisâmes des torrents et des villages.

Je remarquai dans ce trajet d’énormes toiles d’araignées ; certains arbres en étaient presque entièrement couverts.

Ce soir-là, nous ne fûmes pas rejoints par le Pickle ; j’en eus un peu d’inquiétude ; le lendemain matin, ne le voyant pas venir, je pensai à me mettre à sa recherche ; mais vers midi, la barque fut en vue et nous arriva peu de temps après, saine et sauve. L’équipage, effrayé d’un peu de houle, s’était arrêté avant d’atteindre Kapoppo.

Près de l’embouchure de la Lovouma, au bord d’une entrée profonde, nous trouvâmes les restes d’un camp arabe et deux grands bateaux : l’un de vingt rameurs, l’autre de dix-huit ; tous