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eurent grand soin d’entourer leur camp d’une palissade très forte, ce qu’ils n’avaient pas fait depuis leur départ du Tanganyika. Mais en réponse à mes questions, ils affirmèrent que pays n’ayant pas été troublé, ils n’éprouvaient nulle inquiétude.

À Kouaséré même, il y avait eu deux ou trois petites fonderies ; chacune était formée d’une aire d’argile, battue de façon à être parfaitement lisse. Cette aire, d’environ douze pieds carrés, et entourée d’une banquette également en argile, s’inclinait vers une auge profonde qui, placée au milieu, recevait le métal. Dans un coin se voyaient les restes d’un fourneau ; et de tous côtés, gisaient des tubes de terre cuite, qui avaient servi de tuyaux à des soufflets de forge.

Ce jour-là, à une heure et demie, le thermomètre avait marqué plus de 38o à l’ombre et plus de 62o au soleil. En maint endroit, l’herbe à travers laquelle nous avions dû nous ouvrir un passage avait plus de douze pieds d’élévation, des tiges souvent plus grosses que le pouce et tellement serrées, qu’en s’y appuyant on les inclinait à peine.

Même où cette herbe avait été incendiée, les chaumes avaient encore de quatre à cinq pieds de hauteur, et vous écorchaient la figure et les mains d’une horrible manière. Enfin, à la chaleur et aux difficultés de la route, s’ajoutait l’étouffement causé par les cendres sur lesquelles on marchait, poudre impalpable et noire dont la moindre brise vous emplissait les yeux, le nez, la bouche, les cheveux et les oreilles.

Partis de Kouaséré, nous fîmes plusieurs étapes dans un pays bien arrosé, pays populeux où l’on voyait des champs de sorgho d’une végétation luxuriante, et où nous fûmes accueillis avec une tranquillité morne, un calme hostile : les traitants n’y devaient leur sécurité qu’à la crainte inspirée par leurs fusils.

Néanmoins les indigènes venaient au camp nous offrir non seulement des vivres, mais des esclaves. Ceux-ci, ordinairement, étaient bâillonnés avec un morceau de bois, placé comme un bridon ; ils avaient en outre la fourche au cou, les mains liées derrière le dos et, de plus, étaient attachés par une corde à la ceinture du vendeur.

Je crois que, en général, ces malheureux gagnaient à être achetés ; ils avaient moins à souffrir dans la caravane que chez les