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naturels. C’étaient, pour la plupart, des gens des environs qui avaient été pris dans les bois à peu de distance de leurs cases ; il fallait nécessairement les garder à la chaîne pour les empêcher de fuir. À part cela, ils n’étaient pas maltraités ; on les nourrissait bien, et leurs charges n’étaient pas trop lourdes.

Dans le petit nombre de cas de mauvais traitements dont je fus témoin, je parle de notre caravane, les propriétaires étaient eux-mêmes des esclaves ou des affranchis de date récente, qui, dans le premier enivrement de la liberté, semblaient jaloux d’empêcher leurs subalternes d’arriver à un pareil bonheur.


Un conducteur d’esclave.

Beaucoup des villages qui furent traversés dans cette marche avaient des parcs publics, grands espaces réservés au centre du bourg, et ombragés de beaux arbres. Des troncs de palmyras y tenaient lieu de bancs ; les hommes venaient s’y asseoir pour nous regarder. Ils saluaient les chefs de la caravane d’un madji mouko chanté en chœur, en battant des mains, et accueillaient la réponse par un : Eh hânn, vociféré et accompagné de la même manière. Les femmes et les enfants, relégués au fond de la scène, ne nous regardaient pas avec moins d’intérêt.

Mais en dépit de leur désir apparent d’être polis à notre égard,