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Il me questionna longuement sur ma nationalité, sur ce qui m’amenait chez lui, etc. Je répondis que c’était d’Angleterre que venaient l’étoffe et les autres objets apportés par les Arabes ; que j’avais pour but de visiter les peuples qui achetaient ces articles, afin de pouvoir dire à mon Sultan ce dont ils avaient besoin, pour que le commerce pût se développer, au grand bénéfice des deux pays.

Après le départ du chef, départ qui eut lieu avec le même cérémonial que l’arrivée, je demandai à Tipo de me prêter quelques-uns de ses gens qui se joindraient aux miens pour accompagner les hommes de Kassonngo au Lomâmi ; cela me fut accordé.

Le lendemain, la bande se mettait en marche, et je m’installais de manière à prendre quelques jours de repos.

Je n’en fus pas moins très occupé pendant ce temps-là. Tous les mousquets dont les batteries étaient brisées me furent apportés pour que je les remisse en état ; tous les gens qui avaient la fièvre ou la dysenterie m’appelèrent en consultation. J’eus même à pratiquer une opération chirurgicale sur un homme qui, en chassant avec des lingots de cuivre, s’était mis toute la charge dans la main. L’extraction des lingots ayant été faite, j’appliquai des attelles aux doigts fracturés, je recouvris tout l’appareil d’huile phéniquée, et à mon départ je laissai le malheureux en bonne voie de guérison.

Non contents de m’avoir fait armurier, médecin, chirurgien, ils me prièrent de leur fabriquer du savon, ayant entendu dire que les Anglais employaient l’huile de palme à cet usage. N’ayant pas de confiance dans le résultat, je ne me souciais pas de me livrer à cette entreprise ; mais ils me harcelèrent tellement que je finis par consentir ; et en me donnant beaucoup de peine, je réussis à leur faire une espèce de savon mou, me servant pour cela d’huile de palme et d’une lessive faite avec des tiges de maïs.

Deux jours après, j’allai rendre à Kassonngo la visite qu’il nous avait faite ; je le trouvai assis sur la place de son village : une pelouse entourée de logis confortables et de bonne grandeur. Le vieux chef était vêtu simplement d’étoffe d’herbe faite par ses femmes ; il était propre et avait l’air beaucoup plus respectable que dans sa toilette de cérémonie.

Parmi son entourage se trouvaient des individus qui arrivaient du lac Sânnkorra ; ils me dirent que des marchands y