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du Manyéma est diminuée de moitié : cinquante sur cent ont pris la fuite. La plupart de ceux qui restent sont vendus dans l’Oudjidji et dans l’Ounyanyemmbé ; de telle sorte que bien peu atteignent la côte.

Néanmoins les captures se multiplient par suite du grand nombre de traitants qui s’établissent dans l’intérieur, et qui croient ajouter à leur dignité en possédant beaucoup d’esclaves.

Je quittai l’établissement de Tipo-Tipo le 12 septembre, après la somme d’ennuis habituels — porteurs se cachant ou se disant trop faibles pour se charger de leurs ballots — et à la fin de l’étape il me fallut envoyer chercher les hommes et les bagages qui étaient restés en arrière.

Dans la nuit, deux de mes gens prirent la fuite ; mais ayant assez de monde pour porter la cargaison, je partis sans eux, ne découvrant que plus tard qu’ils m’avaient emporté une caisse de cartouches Snider. Ils avaient été poussés à ce vol par Saïd Mézroui, qui, de son côté, avais laissé par hasard à Nyanngoué un raïfle que je lui avais prêté quelque temps avant.

Pendant quelques jours, la route nous fit traverser un pays populeux, croiser de grands villages bien bâtis, dont les cases très propres, alignées sur plusieurs rangs, formaient de longues rues où des arbres à étoffe s’élevaient des deux côtés. Toutes ces rues, orientées de même, couraient de l’est à l’ouest ; je n’ai jamais pu savoir pourquoi[1].

En général, on paraissait bien disposé à notre égard ; les chefs nous apportaient du grain, ou des termites boucanés que les indigènes mangent avec leur épaisse bouillie, pour suppléer au manque de viande, celle-ci étant rare dans la contrée.

Ces termites sont recueillis d’une façon ingénieuse : une légère charpente faite avec des roseaux ou des brindilles est établie au-dessus de la fourmilière et couverte de feuilles habilement réunies au moyen de leurs côtes médianes, accrochées l’une à l’autre[2]. On laisse une très petite ouverture au sommet du toit, et l’on creuse au-dessous une fosse circulaire d’un pied de diamètre et de deux pieds de profondeur.

  1. C’est afin qu’elles soient promptement séchées par le soleil. Voyez, pour plus de détails sur ces villages, le Dernier journal de Livingstone, vol. II, p. 139. Paris, Hachette, 1876. (Note du traducteur.)
  2. Voyez pour ce genre de couverture, qui est également celui des maisons, le Dernier journal de Livingstone, vol. II, p. 35. (Note du traducteur.)