Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/330

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la façade, étaient des échantillons de menuiserie d’une facture surprenante : chacune à deux battants montés sur pivots et se rejoignant par deux feuillures d’une excellente exécution. Des sculptures, lisérées de rouge, de blanc et de noir, décoraient la porte principale qui, pour montants, avait des colonnettes également sculptées.

Le parquet, formé d’argile battue, et poli jusqu’à être glissant, était élevé de dix-huit pouces au-dessus du sol. Les murs avaient sept pieds de haut ; ils étaient en boiserie avec colombage, c’est-à-dire faits avec des perches, mises à un pied de distance, et ayant entre elles de fortes plaques de bois maintenues par des lattes.

La toiture, un dôme à sommet conique, n’avait pas moins de vingt pieds d’élévation à l’intérieur, où les baguettes flexibles, dont se composait la charpente, allaient s’implanter, au faîte, dans les mortaises d’une plaque de bois ronde, peinte en noir et blanc et décorée de sculptures. Deux ou trois rangs de baguettes horizontales reliaient toutes les solives et consolidaient l’ensemble. Sur cette carcasse, de grandes herbes fines avaient été placées horizontalement, en couche parfaitement unie ; enfin un chaume, d’environ deux pieds d’épaisseur, recouvrait le tout et descendait jusqu’à terre. Ce chaume, également très lisse, était disposé au-dessus de chaque entrée, de manière à former un porche.

Dans la nuit, un raïfle et un sac de cartouches me furent volés. J’en parlai au chef ; il déclara ne rien savoir de l’affaire et me supplia de ne pas détruire son village à cause de ce vol. Je n’en avais nullement l’intention, je m’empressai de le lui dire. Il ne pouvait pas croire à tant d’indulgence ; et quand il vit que je partais sans avoir rien pris ni brûlé, sa joie ne connut plus de bornes. Pour me témoigner sa gratitude, il vint me trouver à la station suivante avec des chèvres dont il me fit présent. Je n’acceptai qu’une de ces bêtes, et lui donnai quelque chose en retour ; alors il s’agenouilla, et se couvrit de fange en signe de reconnaissance.

« Les Anglais, lui dis-je, ne punissent pas indistinctement. Chez eux, l’innocent ne paye pas pour le coupable. Si le voleur avait été découvert, je me serais contenté de lui reprendre le raïfle et les cartouches et de le faire fouetter d’importance. » Le pauvre chef n’avait jamais entendu parler d’une telle miséricorde. Les habitants du pays, me dit-il, ne connaissent pas d’autres étran-