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gers que ceux qui viennent faire commerce d’hommes ; ceux-là saisissent tous les prétextes de guerre, afin de piller les villages et de se procurer des esclaves ; c’était pour cela que ses sujets avaient fui à notre approche.

Nous suivîmes encore le Lomâmi pendant quelque temps ; puis mon guide douta du chemin et s’efforça de tourner à l’est.

Un jour, après beaucoup d’ennuis, la route ayant été déclarée perdue et retrouvée trois fois en une heure, ma patience fut tellement à bout que je résolus d’aller droit au but, sans m’inquiéter de ce qu’en penseraient les guides.

D’abord personne ne me suivit. J’avançai, toujours seul ; puis je m’arrêtai pour voir la tournure que prendraient les choses ; et m’asseyant, je fumai tranquillement ma pipe. Quatre de mes hommes vinrent bientôt me dire que je prenais le mauvais chemin ; je répondis que le bon chemin était celui qui allait dans la direction que je voulais suivre. Ils me quittèrent, et je continuai ma route.

Vint ensuite Bombay, qui essaya de m’effrayer en déclarant que tous mes hommes m’abandonneraient si je persistais dans la voie que j’avais prise. « Et où iront-ils, vieux fou ? » lui demandai-je. Il insista pour me faire retourner, disant qu’il fallait suivre les Kiranngosis. Je refusai net. Au bout de quelque temps, je vis arriver toute la bande ; et le soir nous atteignîmes un village situé au bord du Loukadzé, qui est un bras du Lomâmi.

Les guides affirmèrent alors que nous étions dans une impasse formée par un détour de la rivière, et qu’il nous faudrait rebrousser chemin. Envoyés à la découverte, ils rapportèrent que le sentier n’aboutissait qu’à un abreuvoir, ce qui confirmait leur premier dire. Le rapport sonnait tellement faux que je n’en tins aucun compte ; et vingt minutes de marche nous conduisirent, par ledit sentier, à une pêcherie, qui formait un excellent pont.

Nous couchâmes près de la berge. Le lendemain, comme nous venions de passer la rivière, j’aperçus des indigènes qui allaient et venaient dans les grandes herbes. Tout ce que je pus faire pour les décider à venir près de moi fut inutile. Peu de temps après, j’étais en avant avec deux ou trois de mes hommes ; nous cherchions la route quand des flèches, parties d’une jungle étroite, vinrent nous surprendre d’une façon désagréable. L’une d’elles m’effleura l’épaule ; je découvris derrière un arbre celui qui me l’avait adressée, et me mis à sa poursuite.