Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tous les revenus du sultan, était le collecteur des douanes de la terre ferme. Ce fut chez lui que nous allâmes d’abord. Je lui demandai où l’on pouvait trouver des porteurs. Il nous conseilla d’aller à Saadani en recruter, nous promettant des lettres et des soldats qui faciliteraient nos recherches.

Au bout de quelques instants, nous reçûmes du djémadar Sebr, qui avait disparu pendant la visite, l’invitation de nous rendre à sa demeure, où nous attendait un grand repas : trois vieux coqs, mis à la broche en toute hâte, au sortir de la basse-cour ; trois sortes de pâtisseries arabes, servies chacune sur trois plats différents ; deux assiettes de vermicelle noyé dans le sucre ; et, pour entrée, l’inévitable sorbet.

J’essayai d’une aile de volaille ; couteaux et fourchettes manquant sur la table, il fallut me servir de mes doigts. Le repas fini, on servit du thé, assez bon comme parfum, mais sucré à soulever le cœur. Puis vint le café, heureusement sans sucre, et cependant impuissant à délivrer nos palais de leur excès de matière saccharine. Enfin, une rasade d’eau fraîche, qui nous parut excellente.

Comme nous quittions la salle, notre escorte fut invitée à se partager les restes, et nous allâmes, avec tous les convives, nous asseoir cérémonieusement sous la vérandah. L’interprète aidant nos askaris à faire disparaître les reliefs, la conversation fut nécessairement très limitée.

Quand il ne resta plus rien, notre escorte se reforma dans l’ordre qu’elle avait suivi pour venir, et nous reprîmes le chemin de Bagamoyo, accompagné de notre hôte et de quelques-uns de ses fils, qui voulurent nous reconduire jusqu’à une certaine distance. La marée descendait, ce qui nous permit de faire la route au bord de la mer, sur le sable ferme que l’eau venait de découvrir.

Le lendemain matin, Bilâl partait pour Saadani, avec deux soldats du djémadar, trois des nôtres et un indigène intelligent du nom de Sadi, qui devait lui servir d’interprète et de sergent-recruteur.

Dans la soirée, comme pour faire diversion, un incendie éclata ; sept ou huit cases brûlèrent jusqu’au niveau du sol. Nous courûmes à la caserne où étaient nos munitions, afin de prendre les mesures nécessaires, dans le cas où le feu s’étendrait de ce côté ; cela nous fit passer devant le lieu du sinistre.