Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/342

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tion indiquée par cet homme, les habitants étaient fort mal disposés, et que prendre ce chemin c’était vouloir se battre.

La route fut donc continuée avec Mona Kassannga ; et le lendemain, nous nous arrêtions dans un village dont le chef était une ancienne connaissance de mon guide. Naturellement il y eut séjour, pendant lequel les deux camarades s’enivrèrent en l’honneur d’un ami commun, décédé depuis trois mois.


Un natif de Mpannga Sannga.

Quand il vint me faire sa visite, le chef était dans un état peu honorable et voulut me donner des poignées de main sans nombre. Il me dit que le camp que nous occupions avait été fait par les bandits qui avaient été cause de l’hostilité des indigènes à notre égard, et que la capitale de l’Ouroua n’était pas à plus de trois ou quatre jours de marche.

Quand, à force de libations, la perte de l’ami fut suffisamment déplorée, Mona Kassannga voulut bien partir ; mais il refusa de nouveau de prendre la voie directe ; et, nous conduisant à l’est-sud-est, il nous arrêta près d’un village situé au bord du Louvidjo, grand tributaire du Loualaba.

Près de la source de cette rivière se trouve, dit-on, une grande quantité de cinabre que les indigènes emploient en guise de fard, et de la façon la plus risible. Un point rouge au bout du nez est un de leurs embellissements favoris. Quelques-uns d’entre eux se barbouillent la figure d’une sorte de terre de pipe, qui leur fait un masque blanc et qui leur donne une singulière ressemblance avec les clowns de nos cirques.

Des bracelets et des anneaux de jambe en cuivre, surtout des grains de verre portés en nombre considérable autour des bras et des chevilles, et deux cordes à plusieurs brins, mises en écharpe comme un baudrier, constituent leurs ornements.

Chez eux, la coiffure est un peu différente de celles que l’on rencontre sur les frontières de l’Ouroua, mais elle est toujours compliquée, faite avec soin et décorée d’ornements de fer.