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Quand on lui avait dit qu’un Anglais se trouvait dans le voisinage, il avait cru que c’était Livingstone, avec lequel il avait été en relation et dont il ignorait la mort. Il avait également connu Burton et Speke, dans l’Oudjidji, à l’époque de la découverte du Tanganyika (1858), et avait eu de ces voyageurs des capsules d’Eley et de Joyce qui étaient encore excellentes ; tandis que les capsules françaises, qu’on lui avait envoyées de Zanzibar, depuis moins de cinq ans, avaient subi les effets du climat et étaient complètement hors de service.

Le soir de mon arrivée, je reçus un message du chef de la caravane portugaise dont on m’avait parlé à Mounza, et qui depuis un an se trouvait dans le pays. Par ce message, José Antonio Alvez, que les indigènes nommaient Kenndélé, et qui faisait surtout le commerce d’esclaves, m’annonçait sa visite pour le lendemain.

En attendant, j’eus celle d’une partie de sa bande, une réunion d’êtres grossiers, à l’air farouche ; des sauvages presque nus, armés de vieux fusils à pierre dont les canons, d’une longueur insolite, étaient décorés d’un nombre infini d’anneaux de cuivre.

Ces gens voulurent regarder tout ce que je possédais, et témoignèrent une grande joie en reconnaissant les livres, les tasses, tous les objets européens dont ils avaient vu les pareils sur la côte. Ils les désignaient aux indigènes comme étant fort communs dans leur pays, et prenaient texte de cela pour établir leur supériorité.

Le lendemain, ainsi qu’il l’avait annoncé, José Antonio Alvez, dit Kenndélé, vint me faire sa visite. Il arriva en grande cérémonie, couché dans un hamac surmonté d’un tendelet, et porté par des hommes dont la ceinture était garnie de clochettes d’airain. Derrière le palanquin, venait une escorte d’un certain nombre de mousquets, et le jeune garçon chargé du tabouret et de l’arme du maître : un mauvais fusil de Birmingham.

Le voyant venir en pareil équipage, et l’ayant toujours entendu qualifier de msoungou, je m’attendais à trouver un homme

    tellement épris de cette dernière lettre qu’ils s’en servent ad libibum au commencement et au milieu des mots. Ainsi l’emploi de ces deux liquides pour un même nom indiquerait, suivant celle qui a été choisie, la provenance du renseignement que le voyageur a obtenu sur le point dont il parle. (Note du traducteur.)