Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/369

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lentes rafales et d’une pluie torrentielle, présenta le spectacle le plus grandiose. Bien que ce fût au milieu du jour, il n’y avait guère d’autre clarté que celle des courants à peu près continus de la flamme électrique, flamme bleue et rouge, dont la fourche avait souvent trois et quatre branches. Parfois l’éclair était large et formait des ondes pareilles aux replis d’une eau vive ; sa durée alors était appréciable.

La foudre éclatait et grondait, sans nulle interruption ; les arbres ployaient sous la tempête qui, à chaque instant menaçait de les déraciner, et qui chassait devant elle la pluie tombant en nappe.

Quand cette furie des éléments eut duré deux heures, elle cessa tout à coup ; les nuages se dissipèrent, et le soleil, à son déclin, rayonna sur les feuilles et sur l’herbe ruisselantes, qu’il fit étinceler comme si elles avaient été couvertes de diamants.

La halte suivante se fit à Kisima, village en partie abandonné, où la fièvre me saisit avec violence, sans m’avoir averti. Elle me quitta aussi brusquement qu’elle était venue, grâce à de fortes doses de sel d’Epsom et de quinine, mais en m’affaiblissant de telle sorte que, le lendemain, j’eus beaucoup de peine à me traîner jusqu’au nouvel établissement du chef de Kisima ; il est vrai que le thermomètre indiquait près de trente-huit degrés à l’ombre.

Prenant droit au sud, couchant le soir dans le fourré, le lendemain à Yasouki, nous arrivâmes le 22 novembre à Kohouédi, qui est au bord du Lovoï. Nous avions passé plusieurs affluents de cette rivière et franchi des collines de granit, dont le mica étincelait au soleil.

Du sommet d’une éminence toute voisine du village, j’aperçus, à l’est-sud-est, l’extrémité du Kassali ; une vingtaine de milles se déployaient entre moi et cette portion entrevue. L’autre partie du lac n’était pas tout à fait à huit milles de Kohouédi ; mais le Lovoï, plus une chaîne de montagnes m’en séparaient, et l’espoir que j’avais conçu d’atteindre ses rives et de visiter ses îles flottantes ne devait pas se réaliser.

Le chef de Kohouédi était avec Kassonngo. Celui-ci campait alors à seize milles de nous, sur une montagne située à l’ouest-sud-ouest. Il était là pour essayer de prendre son frère Déiyaï, qui, après avoir tenté vainement de s’emparer du trône, s’était réfugié chez Kikondja.