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Pour le reste de nos acquisitions, nous eûmes recours aux magasins de Tarya Topan, à ceux de Rosan, de Charlie et de différents Joés portugais, nous approvisionnant de tous ces riens si nécessaires en pays sauvage. Une caravane, ainsi qu’un vaisseau, et plus encore, puisqu’elle n’a pas l’occasion de renouveler ses fournitures, doit pouvoir se suffire. Une fois partie, elle ne trouvera nulle part à acheter de fil, d’aiguilles, de boutons, d’épingles, etc., etc., mille choses sans lesquelles il n’y a pas de comfort.

Tarya Topan, un Hindi, plus disposé qu’aucun autre à nous venir en aide, est l’un des hommes les plus influents de Zanzibar.

Charlie est un Français, un original qu’il faut connaître pour l’apprécier à sa juste valeur. De chef de cuisine au consulat britannique, il est devenu l’un des notables de la ville. Tous les vaisseaux de la marine anglaise, qui arrivent dans le port, sont approvisionnés par Charlie de viande de bœuf et de pain frais ; et le seul établissement qui, dans l’île, approche d’un hôtel lui appartient. On trouve chez lui des collections d’objets de toute espèce, de toute nature. Il ne sait ni lire ni écrire, n’a qu’une idée vague de ce qu’il possède et se contente de dire aux chalands :

« Fouillez dans mes magasins ; si vous y rencontrez ce qui vous manque, payez-le ce que ça vaudra. »

Il n’a pas appris l’anglais, a oublié une partie du français, et fait des deux langues un patois amusant. Inutile de dire que ses affaires sont en désordre ; néanmoins il prospère ; sans doute en raison de sa nature généreuse. Je crois que peu de gens auraient le courage de le tromper.

Rosan est un Américain, également fourni d’objets de toute sorte ; quant aux Joés, ce sont des Goanais à la fois tailleurs, barbiers, débitants de boissons, gens à tout faire et faisant tout ce qui se présente.

Le docteur Kirk nous obtint des lettres de Sa Hautesse, et, chose peut-être plus précieuse, la recommandation d’un Hindi, fermier des douanes, auquel presque tous les traitants que l’on rencontre dans l’intérieur doivent de l’argent, ce qui donne à ses injonctions un poids considérable.

Un dîner d’adieu nous fut offert au consulat, un autre à bord du Glascow, vaisseau amiral ; et nous repartîmes pour Bagamoyo