Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/381

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XXV


Malandrins. — Coïmbra. — Un roi parmi des mendiants. — Visite de Kassonngo. — Mutilés. — Orgueil royal. — Message de Kassonngo à la régente. — Il me prend pour un esprit. — Difficulté d’obtenir des guides. — Contraint de renoncer à mon plus cher espoir. — L’honnête Alvez. — Grande réception à la cour. — Cortège de Kassonngo. — Hommage des chefs. — Discours. — Déception. — Mort de l’une des épouses du roi. — Le veuf couche avec la défunte. — Obligé de bâtir une maison. — Cruauté des traitants portugais. — Retards. — Désertion. — Funérailles royales. — Rivière détournée de son cours. — Femmes enterrées vives. — Tombe arrosée de sang. — Despotisme. — Incendie. — Belle conduite de mon serviteur Djoumah. — Attention généreuse de Mme Kassonngo.


Avec Kassonngo étaient revenus les malandrins qui l’avaient accompagné dans sa tournée de pillage. Entre tous ces chenapans, Lourenço Souza Coïmbra, fils du major Coïmbra de Bihé, méritait la palme, comme étant celui qui avait atteint le plus haut degré de scélératesse.

Il vint me voir immédiatement, et sans autre but que de m’exploiter. Comme c’était lui, disait-il, qui avait montré à Alvez la route que nous devions prendre, il réclamait le salaire d’un guide. Plus tard, ayant su que j’avais promis à Alvez un fusil dès que nous serions en marche, il déclara qu’il avait droit au même don ; et, sur mon refus de reconnaître ce droit, il me persécuta par ses demandes incessantes de papier à cartouche, de poudre, de grains de verre, de tout ce qu’il imaginait pouvoir me soutirer.

Son extérieur était à l’avenant de son caractère. Un chapeau crasseux à larges bords, chapeau informe, troué, bossué, déchiré au point qu’un chiffonnier ne l’eût pas ramassé, couronnait le personnage. Sa chemise n’était pas moins sale ; et une longue jupe d’herbe qui l’enveloppait jusqu’aux talons traînait derrière lui. Sa chevelure était courte et crépue ; sa face, à peu