Page:Cameron - A travers l'Afrique, 1881.pdf/380

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

derrière lui se tenaient des femmes qui portaient des boucliers.

Toutes les mesures avaient été prises pour qu’il fût impossible à une personne non invitée de passer inaperçue. Un portier, vêtu d’un grand tablier en peau de léopard, et muni d’un énorme gourdin crochu, examinait chaque arrivant avec une attention scrupuleuse avant de lui permettre de franchir l’enceinte, dont plusieurs sentinelles gardaient soigneusement l’entrée.

Lorsque nous fûmes près de lui, Kassonngo nous introduisit dans sa maison, en compagnie de ses féticheurs et de quelques-unes de ses femmes. Nous lui fîmes un léger présent, et nous nous retirâmes, suivis de la musique du chef qui avait reçu l’ordre de me reconduire ; cette entrevue n’était que pour la forme.

L’orchestre dont nous étions accompagnés se composait de tambours, de marimebas et de gourdes sphériques, instruments à vent qui rendent un son analogue à celui du bugle.

Certes, l’attention qu’avait eue Kassonngo de me faire rentrer chez moi aux accords de sa propre musique était des plus flatteuses ; mais le tapage infernal dont il m’honorait n’était pas tolérable. J’envoyai aux artistes un peu de verroterie, espérant qu’ainsi que nos joueurs d’orgue, ils comprendraient l’avertissement et partiraient ; mais ces êtres naïfs prirent le cadeau pour une marque de satisfaction, ou peut-être pensèrent-ils que je les gageais pour le reste de la journée. Dans tous les cas, ils continuèrent jusqu’au coucher du soleil à charivariser devant la véranda de Méricani, seul endroit où je pusse m’asseoir et me livrer à un travail quelconque.

Rien, pensais-je, ne s’opposait plus à notre départ ; et chaque jour d’attente diminuant mon stock de perles, j’insinuai à Alvez d’aller faire ses adieux à Kassonngo, afin que nous pussions nous mettre en marche le plus tôt possible.