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Alvez avait refusé l’offre ; mais une partie de ses gens, ayant Coïmbra à leur tête, s’étaient mis du complot.

Un homme averti en vaut deux ; nous commençâmes donc par poster cinquante des hommes de Djoumah sur différents points de l’établissement ; et prenant avec nous soixante de leurs compagnons, plus mes propres askaris, tous bien armés, nous nous dirigeâmes vers la Moussoumba. Nous y trouvâmes Kassonngo et Foumé a Kenna, presque seuls dans leur gloire, bien qu’un certain nombre de chefs, accompagnés de suites nombreuses, fussent réunis hors de l’enceinte.

On s’opposa d’abord à l’entrée de notre escorte. « Un parti armé ne devait pas… » J’arrêtai l’objection en disant que ce parti était amené en l’honneur de Kassonngo ; qu’il serait peu respectueux de visiter un chef aussi puissant, lors d’une grande réunion, sans avoir une suite convenable ; et on nous laissa passer. Un de mes hommes était chargé de mon raïfle ; j’avais seulement mon revolver ; mais Djoumah, contrairement à son habitude, portait son fusil lui-même.

Comme nous entrions, un tintement de clochettes annonça l’arrivée d’Alvez, qu’on apportait dans son hamac. Lui et ses hommes, tous armés de fusils, furent placés en ligne d’un côté de la porte ; Djoumah, Méricani et moi, nous allâmes nous asseoir de l’autre côté, où notre suite fut rangée derrière nous.

Au milieu de ces deux lignes, à l’extrémité de la cour, se trouvait Kassonngo. Il était debout, et avait en face de lui un dignitaire qui portait une hache d’une forme curieuse. Quatre femmes, dont l’une avait à la main une hache de cette même forme, se tenaient immédiatement derrière le chef ; elles étaient suivies de deux magiciens et des porteuses de boucliers.

Venait ensuite une file de soldats armés de fusils. Cette haie de guerriers, représentant toute l’artillerie du souverain, était flanquée, à droite et à gauche, de bourreaux et d’autres fonctionnaires. Les femmes et les enfants de Kassonngo terminaient le cortège. Vis-à-vis du maître, près de l’entrée de la Moussoumba, étaient les chefs de districts, appelés à la réunion, tous avec une escorte plus ou moins nombreuse, et dans leur plus bel appareil.

La séance s’ouvrit par l’énumération des titres et par l’exposé de la grandeur de Kassonngo, que chantèrent d’une voix monotone les quatre femmes placées derrière le souverain, et aux-