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CHAPITRE XXVI


Grande médecine contre l’incendie. — Cérémonie compliquée. — Mendicité de Kassonngo. — Conduite révoltante des gens d’Alvez. — Sans pitié pour le faible, rampants devant le fort. — Générosité de Djoumah Méricani. — La rivière du Diable. — Arbres étrangers. — Mes gens prennent du pommbé pour de l’eau. — Marais et fondrières. — Fourmilières gigantesques. — Monarque redouté de son peuple. — Présent bien accueilli. — Effroi d’un chef. — Tactique d’Alvez. — Un nouvel arrivant. — Détresse. — Je me décide à partir seul. — Résultat de la fermeté.


Avant de consentir à se mettre en route, Alvez avait déclaré qu’il fallait se préserver de l’incendie par une grande médecine, le feu étant fort à craindre dans la saison sèche où l’on se trouvait alors ; nous étions payés pour le savoir.

Malgré sa qualité de chrétien, le chef de notre caravane paraissait croire fermement à l’incantation, et avait engagé à Bihé un féticheur pour toute la durée du voyage. Les services divinatoires et magiques de cet individu étaient payés le même prix que ceux d’un porteur, mais avec adjonction d’un casuel. C’était ce magicien qui devait nous prémunir contre le feu.

La cérémonie commença un peu avant la chute du jour, et se fit aussi près que possible de l’endroit où l’incendie avait éclaté. J’avais beaucoup ri d’abord en entendant Alvez donner l’ordre d’acheter la chèvre la moins chère qu’on pût trouver : cet animal était nécessaire à l’accomplissement des rites.

Au moment donc où le soleil allait se coucher, le féticheur et son acolyte arrivèrent avec tous les éléments de l’incantation, qui comprenait la susdite chèvre, une poule, un grand vase rempli d’eau, un panier contenant de l’argile, une balle faite avec des lambeaux d’écorce, de la boue et de la fiente, une sébile, des racines, des fragments de ramilles, une branche dépouillée de feuilles, une houe, des couteaux, une hache, de la terre