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retour, s’était approprié les trois sacs ; et bien hautes, bien amères étaient les lamentations d’Alvez au sujet de ces « tre saccos, per gustare cominho ». Mais je me réjouis en apprenant que, par suite de l’indélicatesse du neveu, nous serions obligés de précipiter notre marche.

Le lendemain, quelle ne fut pas ma surprise en voyant arriver des gens de Méricani : leur maître ayant appris que ma tente avait été brûlée, m’en envoyait une en étoffe d’herbe. Il avait donné l’ordre aux porteurs de continuer leur route jusqu’à ce qu’ils m’eussent rencontré, ne voulant pas qu’il fût dit qu’un Anglais avait voyagé sans avoir de tente, et ajoutant ainsi à la reconnaissance que je lui devais pour ses bontés sans nombre.

Lounga Mânndi semblait avoir à mon égard des dispositions amicales ; il me fit présent d’un mouton gras, m’en vendit un autre et se déclara très satisfait de ce que je lui donnai en échange. Mais il voulut connaître l’effet de mes raïfles, et ayant entendu parler des balles explosibles, il insista pour qu’une de ces balles fût envoyée dans un arbre : le résultat l’effraya tellement qu’il prit la fuite. J’ai su plus tard qu’il était allé se cacher dans la jungle, tenant pour certain que Kassonngo m’avait chargé de le tuer. Alvez le confirma dans cette opinion, et je ne le revis plus. Toutefois, ses fils, avec, lesquels je restai en bons rapports, me dirent que la vieillesse avait rendu leur père craintif ; mais qu’après notre départ ils lui persuaderaient aisément que je n’avais aucune intention de lui faire du mal.

La veille du jour où nous devions partir, j’appris qu’on attendait un groupe d’individus qui étaient restés en arrière. Ce groupe n’arriva que le surlendemain ; il eut besoin de la journée suivante pour avoir des vivres ; puis Alvez me dit que rien ne l’arrêtait plus, et qu’on se mettrait en marche au lever du soleil.

Quand le soleil fut levé, beaucoup de gens de la caravane refusèrent de partir sans Coïmbra, qui chassait toujours l’esclave avec Kassonngo. Je rappelai à Alvez qu’au départ de Coïmbra pour cette chasse il avait été convenu que l’on n’attendrait pas ce digne homme. Alvez me répondit que ce n’était pas Coïmbra qu’il attendait, mais les gens qui étaient avec lui.

Une petite bande indépendante venait d’arriver ; je tâchai de persuader à Bastian José Pérez, son conducteur, de venir avec moi. C’était l’esclave d’un traitant portugais des environs de Donndo ; il y avait trois ans qu’il était parti avec des hommes du