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Réhennko avec Dillon et Murphy, en attendant que j’eusse complété la caravane ; mais ce ne fut pas possible : Murphy, s’étant beaucoup trop exposé au soleil et à la rosée, n’était pas dans le cas de se mettre en marche. Je pris un moyen terme en faisant conduire par Dillon à Kikoka, dernier poste de Sa Hautesse au-delà du Kinngani, tous les hommes que nous pourrions réunir et la plupart des ânes.

Presque aussitôt que Dillon nous eût quittés, Murphy et moi nous fûmes saisis par la fièvre. Pour tous les deux, l’attaque fut violente ; mais j’eus la chance de m’en débarrasser au bout de trois jours, tandis que chez Murphy elle parut vouloir être tenace. En conséquence, je rappelai Dillon, pour que le malade eût les secours de la médecine.

Le même jour, une lettre du docteur Kirk m’annonça l’arrivée de sir Bartle Frere et de son état-major, qui venaient à Bagamoyo, sur le Daphné ; le consul me priait d’en informer la Mission française.

Je fis seller mon âne et courus à Bagamoyo. Après m’être acquitté de mon message, je parlai aux missionnaires de l’état de Murphy ; sur quoi le P. Germain insista pour venir à Chammba Gonéra prendre le malade et le faire transporter à l’infirmerie de la Mission.

Sir Bartle Frere arriva le lendemain. En débarquant, il fut salué par tous les Hindis que renfermait la ville, un groupe de sycophantes, qui depuis notre arrivée agissaient contre nous, parce qu’ils nous supposaient attachés à la légation chargée de supprimer la traite, et qui maintenant faisaient leurs salaams au chef de la légation maudite, l’assurant de leur loyalisme : « Jamais ils n’avaient participé au commerce d’esclaves. »

Sir Bartle passa toute la journée à Bagamoyo ; mais son état-major se rendit au Kinngani pour chasser l’hippopotame, qui pullule dans cette rivière.

Ce même jour, un nouveau compagnon nous était venu par le Daphné : Robert Moffat, petit-fils du missionnaire et neveu de Livingstone.

À la première nouvelle de l’expédition, — il habitait le Natal, — il avait vendu ses champs de canne à sucre, et avait gagné Zanzibar[1] en toute hâte, résolu à consacrer toutes ses forces et jusqu’à

  1. « Nous dirons à ce propos que le nom de Zanzibar ne désigne pas seulement la