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son dernier penny à la cause que nous avions embrassée : recherche de son oncle et découvertes en Afrique.

Je pouvais dès lors, profitant de l’avantage que nous donnait cette venue, partir avec Dillon pour Réhennko, laissant à Moffat et à Murphy le soin d’amener l’arrière-garde de la caravane, ce qui leur donnerait le temps, à l’un de se guérir, à l’autre de s’équiper. Avec l’assistance de Moffat, un rude travailleur, je réunis le plus possible de nos hommes ; porteurs et baudets furent chargés, et nous nous dirigeâmes vers Kikoka.

Ayant fait l’imprudence de sortir du camp avec des pantoufles, j’avais eu les pieds coupés par de grandes herbes vénéneuses ; ils étaient couverts de petites plaies, qui m’empêchaient de mettre des bottes et de faire un pas sans souffrir. Je montai à âne et j’ouvris la marche.

Nous cheminions sur un terrain herbeux ; tout le monde était gai comme un carillon de noce, tout allait bien. Cela dura ainsi jusqu’au fameux pont que Stanley a jeté sur une crique fangeuse[1]. Arrivée là, mon ânesse, appelée Jenny Lind, refusa d’avancer. Je descendis pour la mener par la bride ; elle m’échappa, s’enfuit et retourna au camp, me laissant traverser la crique pieds nus, puis me traîner à grand’peine dans une bourbe noire et tenace jusqu’à la fin de l’étape, qui se termina au Kinngani.

La marche n’avait tellement enflammé les pieds, qu’en arrivant il me fut impossible de mettre mes pantoufles. Nous procédâmes sans délai au passage de la cargaison et à celui de nos personnes ; mais il était trop tard pour faire passer les ânes.

Ni la tente ni le cuisinier n’arrivèrent ; il nous fallut coucher à la belle étoile et souper du maïs qu’un Béloutche, qui était censé garder le bac, alla chercher dans son jardin, maïs que nous fîmes griller. Heureusement la nuit fut belle, et chacun de nous dormit profondément au long d’un grand feu. Robert était de la partie.

Dès le matin, avant que le passeur fût prêt à remorquer nos

    ville, ni même l’île qu’on appelle de la sorte. Ce mot qui signifie côte des Noirs s’applique à tous les États du sultan, dont il est l’appellation correcte. Le véritable nom de la ville de Zanzibar, celui qu’elle a reçu des indigènes, est Oungoundja. » La dénomination de Zanzibar, appliquée aux provinces de terre ferme, est la même que celle de Zanguebar (région, pays des noirs). Voyez Burton, Voyage aux grands lacs de l’Afrique orientale, Paris, Hachette, 1822, p. 29. (Note du traducteur.)

  1. Voyez, sur ce pont et cette crique fangeuse, Stanley, Comment j’ai retrouvé Livingstone, p. 65. (Note du traducteur.)