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envoyer de la cire à Benguéla. Avec les marchandises que lui rapporteraient les mêmes Baïloundas, mon hôte projetait d’aller à Djendjé pour y vendre ses esclaves.

Enfin, le 10 octobre, je me mettais en route ; j’étais accompagné d’une suite peu nombreuse et me dirigeais vers la résidence de Kagnommbé, chef de la province. Je devais après cela faire une visite au sénhor Gonçalvès, et retrouver le reste de ma caravane chez João Baptista Ferreira.

À l’heure de mon départ, un de ceux que je laissais derrière moi et qui devaient me rejoindre chez Ferreira, se mit à pleurer parce que j’emmenais son tchoum. Il cria que je l’avais vendu à Alvez, que c’était pour cela que je le séparais de son camarade, et fit tant de bruit à ce propos que je fus obligé de le prendre avec nous. Cet homme était un échantillon de quelques-uns des soldats que Bombay avait engagés à Zanzibar, et qu’il me fallut traîner d’une rive à l’autre de l’Afrique.

Nous traversâmes d’abord un pays fertile et bien boisé, sillonné d’eau courante. Les villages étaient entourés de jardins ; chaque hutte avait son carré de tabac, protégé par une clôture. J’ai remarqué dans l’un de ces clos un chou d’Europe, mais très étiolé[1]. En passant dans les bois, il m’arrivait fréquemment de sentir un parfum de vanille ; je n’ai jamais pu découvrir de quelle plante il provenait. Les goyaves étaient à profusion.

Dans une clairière touchant à l’un des villages près desquels la route nous fit passer, quelques hommes faisaient tirer des jeunes gens à l’arc. Une racine, taillée en rond d’un pied de diamètre, servait de but ; la distance était quarante pas, et en moyenne une flèche sur dix frappait la rondelle. Je n’ai pas eu en Afrique d’autre exemple de tir à la cible.

  1. Very seedy looking. Était-ce un chou de mauvaise mine ou paraissait-il très grenu ? Le looking nous a fait pencher pour l’étiolement ; cependant il est avéré que le chou vient à merveille dans cette région. De tous les légumes d’Europe introduits jadis par les missionnaires, le chou est le seul qui, excepté à Benguéla et à Mossamédès, soit resté dans le pays, où même il est devenu plante d’agrément. « Parfois, dit M. Monteiro, on le voit dans les villes, généralement isolé, s’élevant sur une tige épaisse, de quatre à cinq pieds de hauteur, dont on a soigneusement détaché les feuilles basses. Il est alors entouré d’une palissade qui le protège contre les attaques des chèvres et des moutons. À la campagne on le cultive dans les jardins ; mais je ne l’ai jamais vu dans les champs. » (Angola and the river Congo, Londres, 1875.) — M. Monteiro avait des choux à Bembé ; ils poussaient là d’une manière luxuriante, mais ils pommaient rarement. (Note du traducteur.)