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d’occupés aux travaux publics ; pour le moment, ceux-ci étaient employés à faire une chaussée dans une partie de la plaine qui s’étend de Benguéla à Catombéla, et qui est inondée pendant la saison pluvieuse.

Je reçus des habitants le plus chaleureux accueil ; le docteur Aguia, M. Ben Chimol, le docteur Calasso, m’ouvrirent leurs maisons ; ce fut à qui aurait pour moi le plus de bontés.

Il y a dans la ville de nombreux jardins, où l’on cultive avec succès les fruits et les légumes d’Europe. Le sol, terrain sableux, ne demande qu’à être arrosé pour être fertile, et partout l’eau se rencontre à moins de six pieds de profondeur. Malgré la proximité de la mer, elle n’est que légèrement saumâtre.

Quelques résidents ont des chevaux et Benguéla se vante de posséder une voiture ; mais le moyen habituel de locomotion — pas un Européen ne sort à pied pendant le jour — est la maxilla, c’est-à-dire une litière suspendue à une longue perche, à laquelle sont attachés des rideaux, et qui est portée par deux hommes. Les porteurs marchent d’un pas particulier qui évite les secousses ; c’est, en somme, un mode de transport très confortable.

Le vapeur, qui fait le service des dépêches, revint de Mossamédès, l’établissement le plus méridional de la province ; il se rendait à Loanda. C’était le Bengo de Hull, mais sous pavillon portugais, et n’ayant, dans tout l’équipage d’autre Anglais que le mécanicien en chef. Le gouverneur m’y donna le passage pour moi et pour mes hommes.

Je regrette d’avoir à dire que, depuis leur arrivée, ceux-ci avaient une assez mauvaise conduite, ce qui venait du bon marché des spiritueux. Il avait fallu les désarmer, afin d’empêcher leurs querelles d’ivrognes de dégénérer en collisions sanglantes. L’un d’eux avait tout d’abord donné à un de ses camarades plusieurs coups de sabre sur la tête, action pour laquelle je l’avais fait emprisonner dans le fort, où il était resté au pain et à l’eau pendant tout notre séjour.

Toute la ville assista à notre départ ; et la nuit étant close, un feu d’artifice fut tiré à cette occasion.

Le 21 novembre, quinze jours après mon arrivée à la côte, nous étions dans le port de Loanda. Je me demandais comment je gagnerais la plage, ne voyant que des bateaux particuliers s’approcher du navire, lorsque j’entendis un gentleman, qui venait de monter à bord, s’exprimer en anglais. Je me présentai à