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croyons qu’on pourrait avoir de l’eau toute l’année dans le Marennga Mkali au moyen de puisards, faits spécialement sur le modèle abyssinien, la quantité de pluie qu’y verse la mousson étant considérable.

En sortant de la plaine déserte, on a devant soi l’Ougogo, dont l’aspect est celui d’une terre brune et desséchée, offrant ça et là d’énormes masses de granit, flanquées d’euphorbes raides. Rien n’est d’un vert vivant ; pas de fraîches couleurs, pas d’autre bois que des baobabs aux formes colossales et grotesques et des fourrés épineux.

Le sol est une formation de grès, portant par endroits une couche d’argile. L’eau est mauvaise et ne peut s’obtenir que dans des fosses entretenues par les indigènes, ou en fouillant le lit desséché des noullahs.

Mais arrive la pluie et tout est changé ; tout le pays verdoie ; de grandes étendues sont couvertes de sorgho, de citrouilles, de tabac, seules plantes, ou à peu près, que cultivent les habitants.

Au nord de la route, une ligne de hautes terres partage les eaux entre le bassin du Nil et celui du Rouaha (cours supérieur du Loufidji), ligne qui traverse ce dernier bassin.

Un trait particulier de l’Ougogo est formé par de petits étangs encadrés de verdure bordés d’acacias, et dont la vue est aussi douce, au voyageur fatigué, que celle d’une oasis dans le Sahara.

De nombreux oiseaux d’eau, canards, sarcelles et autres, fréquentent toute l’année ces étangs qu’on appelle zihouas et qui, disséminés en maint endroit de la province, sont souvent les seuls réservoirs où les indigènes trouvent l’eau qui leur est nécessaire. Parfois cette suprême ressource leur manque, et la désolation et la mort s’abattent sur le pays.

De cette chaîne d’étangs, une marche en terrain accidenté, couvert de jungle, conduit au district de Kanyényé. Ce district est formé d’une plaine située entre deux chaînes de collines allant du nord au sud. On y trouve quelques zihouas ; mais généralement c’est un pays aride et brûlé. Des parcelles nitreuses brillent dans les lits desséchés des étangs et des cours d’eau ; elles sont recueillies par les indigènes qui les mettent en pains coniques, et, sous cette forme, les exportent dans les contrées voisines.

Arrivé au sommet de la chaîne qui est à l’ouest du Kanyényé,