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Les routes que suivent les caravanes pour se rendre aux lieux de production desdits articles, sont aujourd’hui :

1o Celles qui partent des ports de la côte orientale. De Brava au cap Delgado, ces routes sont aux mains des sujets du sultan de Zanzibar ; et du cap Delgado à la baie Délagoa, aux mains des Portugais ;

2o La route du Nil, sur laquelle tant de violences et de cruautés ont accompagné les progrès des traitants, que, d’après le colonel Gordon, « il est impossible à l’explorateur de s’y frayer un chemin autrement que par la force, les indigènes voyant un ennemi dans chaque étranger ». Il est de fait que M. Lucas, après une dépense considérable de temps et d’argent, s’est vu contraint de renoncer au projet qu’il avait formé de se rendre à Nyanngoué par le bassin du Nil ;

3o Les routes qui partent de la côte occidentale. De ces lignes, deux seulement sont suivies par les caravanes des Européens, celles qui passent, l’une à Bihé, l’autre à Cassanngé. Mais ici, le Congo paraît offrir un grand chemin qui conduira aux provinces les plus lointaines du continent ;

4o La route qui, du Natal, gagne les hautes terres des tropiques par les Drakensberg et le Transvaal. Cette ligne a l’avantage de s’ouvrir en territoire britannique et de débuter sur un point salubre de la côte, double considération qui en fera plus tard l’un des grands chemins de l’intérieur.

Le chiffre de l’exportation du caoutchouc qui, pour les ports du Zanzibar, s’élève à quarante mille livres sterling (un million de francs), tandis qu’aux mêmes lieux l’exportation de l’esclave a pu être arrêtée avec le concours loyal du sultan, annonce que des jours meilleurs commencent à poindre pour l’Afrique. Ce fait, qu’un nouvel objet de commerce a été exploité avec avantage, au moment où la suppression de la traite de l’homme produisait dans le négoce du Zanzibar une crise des plus graves, prouve qu’une portion du capital jusqu’alors engagé dans l’exécrable trafic s’est détournée vers une source de profits légitimes.

Aujourd’hui, dans l’Afrique tropicale, tous les transports de marchandises, sans exception, se font à dos d’homme ; le commerce n’a pas d’autre bête de charge que la créature humaine, d’où il résulte qu’une quantité considérable de travail qui pourrait être employée à la culture du sol ou à la récolte des produits naturels, est totalement perdue.