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En outre, dans les pays où les dents d’éléphant sont le plus abondantes et le moins chères, les indigènes ne s’engagent pas volontiers en qualité de porteurs, et les traitants sont obligés d’acheter des esclaves pour faire transporter leur ivoire au lieu du marché.

À l’époque où la traite de l’homme était florissante, ces esclaves étaient vendus en arrivant à la côte et augmentaient les bénéfices du marchand ; maintenant qu’ils ne sont plus un article de commerce, il est à craindre que leur vie ne soit encore moins ménagée qu’autrefois par les petits trafiquants de la côte orientale.

Beaucoup d’Arabes sont assez éclairés pour comprendre que le portage à dos d’homme est le plus précaire et le plus onéreux de tous les moyens de transport ; et ils accepteraient avec joie tout ce qui pourrait le remplacer.

Sur les lignes occupées par les Portugais, principalement sur les routes qui vont du Bihé à l’Ouroua et au Katannga, il se fait un commerce considérable d’esclaves. La plupart de ces capturés — presque tous sont obtenus par la violence et le rapt — ne sont pas menés à la côte, mais en pays cafre, où ils sont échangés pour de l’ivoire. Je ne serais pas étonné d’apprendre qu’une grande partie des travailleurs fournis par les Cafres aux mines de diamant ne proviennent de ces marchés.

Les traitants actuels ne le cèdent en rien à leurs ancêtres, qui inscrivaient leurs esclaves comme ballots de marchandises, et en faisaient baptiser cent d’un bloc par l’évêque de Loanda, pour éviter le droit d’exportation, ils ne le cèdent en rien disons-nous, à ceux d’autrefois pour la manière d’agir envers l’esclave, et pour l’insouciance à l’égard des moyens qui leur procurent cet article de commerce.

Les agents qui vont, dans l’intérieur, chercher la marchandise humaine pour les traitants établis sur la côte, sont généralement eux-mêmes des esclaves ; et comme il arrive toujours, — on le voit dans les basses classes de la civilisation, — les opprimés deviennent les oppresseurs les plus cruels de ceux qui se trouvent à leur merci.

Il n’est pas probable que l’ivoire soit toujours, ni même longtemps encore, le principal objet de l’exportation africaine. Les résultats de la guerre acharnée qu’on fait à l’éléphant sont déjà très sensibles ; en maint endroit où, il y a peu d’années,