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chaîne partant des deux côtes, pourrait être promptement établie, si l’on avait l’argent nécessaire ; mais les fonds manquent. Il y a beaucoup d’hommes, très capables de se charger d’une expédition, qui n’ont pas le moyen de voyager pour leur propre compte, et qui s’offriraient par centaines, s’ils croyaient à la possibilité de concourir à l’œuvre en question sans exposer leur faible avoir.

Les promoteurs de la mission de Livingstonia parlent d’établir une ligne de stations qui passerait au nord de Nyassa et arriverait à l’extrémité sud du Tanganyika ; ils lanceraient alors des steamers sur ce lac, pour relier la côte orientale aux contrées d’où proviennent la majeure partie des esclaves. Le projet est praticable ; mais on peut se demander s’il n’y aurait pas une autre ligne plus dans la sphère d’action du gouvernement, et où celui-ci pourrait davantage pour la suppression de la traite.

À ce point de vue, je recommanderais l’acquisition d’un port — celui de Mombas, par exemple — que l’on obtiendrait du sultan de Zanzibar, soit par traité, soit par achat, et d’où partirait un chemin de fer se rendant au lac Tanganyika par l’Ounyanyemmbé, avec embranchements sur le Victoria Nyannza, et vers le sud, à travers l’Ougogo. Ce chemin pourrait être construit pour mille livres environ (vingt-cinq mille francs) par mille[1]. Je parle de ce genre de railway dit du pionnier, qui semble le mieux convenir à un pays neuf.

Une pareille ligne serait immédiatement productive ; le commerce d’ivoire, tel qu’il se fait aujourd’hui à Zanzibar, suffirait non seulement à payer les frais, mais donnerait un bénéfice, sans qu’il fût besoin de compter sur l’accroissement du trafic ; et il y a au Zanzibar (dans l’île et sur la côte) une quantité de négociants hindous qui partiraient sur-le-champ pour l’intérieur, s’ils pouvaient s’y rendre sans fatigue.

Il faudrait en même temps établir sur le Zambèse, le Zaïre et le Couenza un service de bateaux à vapeur d’un faible tirant d’eau, marchant vite et pouvant se démonter de manière à être facilement transportables lorsqu’on trouverait des rapides. Un steamer stationnerait sur chaque partie du fleuve. Des dépôts de vivres et de marchandises seraient à former à l’endroit des ob-

  1. 1 609 mètres.