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stacles ; on y aurait, en outre, des moyens de transport, soit des hommes, soit des charrettes attelées de bœufs ou des tramways.

Par ses affluents, le Congo permettrait à nos marchands et à nos missionnaires de pénétrer dans la plus grande partie des régions actuellement inconnues de l’Afrique.

L’embouchure de cette énorme rivière n’est sous la domination d’aucune puissance européenne. Les principaux traitants qu’on y rencontre sont des Hollandais ; leur fortune dépend aujourd’hui du caprice de quelques-unes des tribus les plus dépravées de la côte, tribus qui, depuis la découverte du Congo, se livrent, en compagnie d’hommes de race blanche plus vils qu’elles-mêmes, à la traite de l’esclave et à la piraterie. Ces Hollandais seraient enchantés de voir le commerce de l’intérieur aux mains d’Européens honnêtes.

À cent dix milles du rivage, se trouvent les chutes d’Yellala, nom qui signifie rapides. C’est, jusqu’à présent, le point le plus éloigné que nous ayons atteint ; il n’a pas été dépassé depuis la malheureuse expédition de 1816, commandée par le capitaine Tuckey, de la marine royale d’Angleterre. Un portage, nullement difficile, et plus tard un tramway, conduirait en amont de ces chutes, et ferait gagner le cours supérieur de ce fleuve que le brave Tuckey dépeint comme « une rivière placide de trois à quatre milles de large ».

Pourquoi laisser dans l’abandon un pareil chemin qui nous mènerait en des contrées d’une richesse infinie ? Pourquoi des steamers, sous pavillon anglais, ne portent-ils pas le trop-plein de nos manufactures à l’Africain nu de ces rives, qui nous donnerait, en échange, les produits les plus précieux de la nature qui l’environne, produits dont maintenant il ignore la valeur et lui sont inutiles.

Les Portugais tiennent les clefs des routes qui partent de Loanda et de Benguéla ; ils ferment ces lignes au commerce étranger et sont moralement complices des marchands d’esclaves, des ravisseurs de femmes et d’enfants. S’ils ouvraient leurs ports, s’ils encourageaient l’emploi des capitaux, la venue d’hommes énergiques, doués d’esprit d’entreprise, leurs provinces d’Angola et de Mozambique pourraient rivaliser avec les dépendances les plus riches, les plus prospères de la Grande-Bretagne ; mais un système prohibitif absurde, soutenu par des