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joindre à la nôtre passa devant nous et alla camper sur la rive droite du Lougérenngéri ; les autres Arabes, compagnons de cette bande, se rendaient chez les Vouarori et chez les Vouabéna.

Le lendemain matin à cinq heures, nous étions prêts à partir. Au point du jour nous traversions le gué ; les Arabes n’avaient pas encore levé le camp ; leur chef, Hamis-Ibn-Sélim vint nous saluer au passage, et envoya son tambour battre devant nous jusqu’à une certaine distance.

À l’endroit où nous l’avons traversé, le Lougérenngéri, dont le canal a deux cent cinquante yards d’une rive à l’autre, et des berges de vingt-cinq pieds de hauteur, qui sont dépassées par les grandes eaux, avait alors seulement trente yards de large et ne nous monta que jusqu’au genou. Le fond du lit, à cette place, est formé de sable blanc, mêlé de galets de quartz et de granit, et jonché de gros blocs de granit, blocs erratiques fortement usés par les eaux. Dans le voisinage, beaucoup d’anciens champs étaient couverts de sable qu’y avait déposé l’inondation de 1872.

Nous avions fait sept milles dans un pays inhabité, revêtu de bois épais, lorsque nous fûmes rejoints par la caravane d’Hamis. J’avais pris de l’avance sur la nôtre, et m’étais assis pour me reposer : la fièvre m’avait laissé une grande faiblesse ; ce que voyant, Hamis eut l’obligeance de m’offrir son âne ; sur mon refus, il s’assit près de moi, et me tint compagnie jusqu’au moment où arriva ma monture.

La marche, après cela, fut très-rude : des collines escarpées, des fourrés de grandes herbes, des ravins de cinquante pieds de profondeur, aux flancs abrupts, qui chaque fois nous obligeaient à décharger les ânes, à faire descendre et remonter les bagages par les hommes, puis à recharger les baudets.

Toutefois, malgré l’excédent de travail que nous occasionnaient ces transbordements et les difficultés du chemin, rendues plus grandes par ma faiblesse, le pays avait tant de charmes qu’il me faisait presque oublier la fatigue. Les collines, formées de granit pour la plupart, et, en divers endroits, composées de quartz à peu près pur, étaient couvertes de bois épais sur tous les points où les inégalités du roc avaient retenu une couche de terre suffisante. La majeure partie des arbres étant des acacias, alors en pleine fleur, tous ces bouquets blancs,