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était glissante. En plusieurs endroits, pour faire passer les ânes, il fut nécessaire de leur bander les yeux.

L’inaction prolongée avait rendu nos porteurs incapables d’une longue marche, et nous nous arrêtâmes au bout d’une heure et demie. Le camp fut établi sur une pente à peu près aussi rapide que celle d’un toit, — c’était la moins raide que nous eussions pu trouver, — d’où l’obligation de caler notre bagage, pour l’empêcher de retourner à la Makata, dont l’altitude était de quelque huit cents pieds inférieure à la nôtre.

Plusieurs de nos gens se dirent malades, trop faibles pour porter leurs charges ; ce qui nous obligea à remanier les fardeaux, occupation qui dura jusqu’au soir. Comme nous achevions cette besogne, les askaris que j’avais envoyés à la poursuite des déserteurs revinrent sans avoir eu de nouvelles des fugitifs.

Une longue étape, commencée le lendemain sans difficulté, nous fit arriver, par monts et par vaux, sur la rive gauche de la Moukonndokoua, principal affluent de la Makata[1]. Nous avions rencontré en route une nombreuse caravane qui portait de l’ivoire à la côte. Le chef de la bande, un homme d’aspect misérable, m’avait demandé avec assurance un ballot d’étoffe. Cette modeste requête lui ayant été refusée, il abaissa le chiffre de ses prétentions et en arriva à mendier un simple doti.

J’appris de cet homme que Mirammbo, chef indigène qui demeurait à l’ouest de l’Ounyanyemmbé, et qui depuis trois ou quatre ans était en guerre avec les Arabes, tenait toujours la campagne, malgré les efforts des traitants et de leurs nombreux alliés, et que passer dans le voisinage de Taborah était regardé comme une chose dangereuse.

La route que nous avions suivie depuis le matin n’avait été qu’une succession de montées et de descentes rapides, sur des escarpements rongés en maint endroit de manière à former des marches de quartz et de granit : corniches glissantes ou blocs détachés et branlants ; et il était presque miraculeux qu’avec leurs fardeaux les porteurs et les ânes fussent arrivés sains et saufs.

  1. La Moukoundokoua est, à proprement dire, la partie supérieure de la Makata, et celle-ci est l’une des branches mères du Vouami, qui s’appelle, en remontant de l’embouchure à la source : Vouami, Roudéhoua, Makata, et Moukonndokoua, suivant la partie de son cours dont il est question. (Note du traducteur.)