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En fait d’armes, les gens du district de Mpouapoua ont des arcs et des flèches, et un bâton à grosse tête, qui est pour eux une arme de jet, ou qui leur sert de massue.

Leur parure se compose de boucles d’oreilles et de colliers en fil de laiton.

Par suite de leurs nombreux rapports avec les gens de la côte ils s’habillent maintenant comme les esclaves des Arabes.

Entre eux et les quelques Vouadirigo qui vinrent nous regarder, il y avait un contraste frappant. Les Vouadirigo sont de grande taille, gens de race virile, méprisant toutes les délicatesses de la civilisation, telles que les habits ; la plupart des femmes elles-mêmes n’ont pour vêtement qu’un fil de perle en collier ou en bracelet.

Les hommes portent de grands boucliers en cuir, de cinq pieds de long sur trois de large, bordés d’une baguette qui les empêchent de se gauchir, et maintenus par une barre de bois posée intérieurement ; cette pièce longitudinale est arquée au milieu pour servir de poignée. À droite de ce raidisseur, le bouclier a deux attaches où sont placées une forte lance pour combattre de près, et six ou huit minces javelines, dont la hampe, décorée de fil de laiton, porte à sa base une boule du même métal qui, en augmentant le poids de l’arme, donne à celle-ci plus de portée.

Ces javelines, d’un fini précieux, sont jetées à plus de cinquante mètres avec force et précision.

Telle est la réputation des Vouadirigo, réputation de courage, et d’adresse dans le maniement des armes, que pas une des tribus chez lesquelles il vont habituellement faire des razzias n’essaye de leur résister.

Après trois jours de repos, la caravane se remit en marche et atteignit Kisokoueh. Chemin faisant, nous vîmes beaucoup de femmes de Mpouapoua, qui rentraient la moisson dans de larges corbeilles portées sur la tête. Plusieurs d’entre elles avaient sur le dos un enfant, suspendu dans une peau de chèvre ; et comme tablier, d’innombrables lanières de cuir, portant chacune un talisman pour préserver le bébé du mauvais œil et de tous les genres de maléfices.

Kisokoueh était occupé par les Vouadirigo, qui se montrèrent bien disposés en notre faveur ; et comme le bien acquis sans peine est d’une facile dépense, ils nous cédèrent une couple de