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Les ruches abondaient dans le pays ; mais une bande de Vouadirigo était, disait-on, cachée dans la jungle ; et je ne pus décider personne à nous aller chercher du miel.

Le lendemain, la question du tribut fut réglée d’une manière très satisfaisante pour les deux parties. J’eus le plaisir d’avoir beaucoup moins à payer que je ne m’y attendais, et le chef fut très content de ce qui lui fut donné. Un cadeau fait la veille à son père adoptif, notre chaleureux admirateur, ne fut probablement pas étranger à la modicité de la demande.

Cette qualification de père adoptif, donnée à l’oncle du souverain de Mapalatta, vient de ce qu’à la mort d’un chef, il est d’usage de supposer que le fils du défunt regarde l’aîné de ses oncles comme un nouveau père ; mais seulement en particulier, jamais en public.

Le 29, au moment de partir, on ne trouva pas nos chèvres, celles que nous avions achetées aux Vouadirigo. Issa et quelques askaris furent laissés pour faire la recherche des absentes, et nous nous dirigeâmes vers Mpannga Sannga, une clairière de trois milles de diamètre, où s’élevaient cinq ou six temmbés, et qui était le séjour d’un autre chef indépendant.

Nous traversâmes des cultures appartenant à ces villages ; et nous nous établîmes près de la case du chef, au bord d’un lac partiellement tari.

En l’absence d’Issa, le payement du tribut fut confié à Bombay. Celui-ci embrouilla tellement l’affaire qu’elle se termina par une querelle entre le chef et moi. La demande me parut déraisonnable ; je défendis à Bombay d’y accéder. J’avais en outre recommandé de n’ouvrir les ballots que dans ma tente, afin d’empêcher qu’on en vit le contenu.

Il était certain que si les indigènes apercevaient de l’étoffe de prix, ils en parleraient au chef, qui baserait sa demande sur ces informations, au lieu de le faire d’après le nombre des paquets. Bombay, à qui la frayeur faisait perdre la tête, oublia mes ordres, et ouvrit plusieurs charges en présence d’une quantité de Vouagogo. Ceux-ci rapportèrent immédiatement qu’ils avaient vu deux magnifiques choukkas (draperies d’une brasse chacune) ; et ces choukkas en étoffe de l’Inde, étoffe précieuse que je réservais pour les Arabes, me furent aussitôt demandées.

Je reprochai naturellement à Bombay d’avoir agi de la sorte, et l’envoyai dire au chef qu’il n’aurait pas la fameuse étoffe.