CHAPITRE VII
Notre bivouac faisait partie d’un groupe d’une demi-douzaine de camps, bâtis par différentes caravanes. Au moment de l’atteindre il y avait eu une course effrénée de tous nos pagazis, qui s’étaient précipités pour avoir les meilleures cases ; jamais je n’ai vu mettre plus lestement en pratique le « Chacun pour soi et au diable les attardés. »
Pendant ce temps-là nous étions livrés à nos propres forces ; et il nous fut très difficile de faire nettoyer une place pour y dresser les tentes. Une fois arrivés, nos gens déposaient leurs fardeaux, s’occupaient d’eux-mêmes, et croyaient n’avoir plus autre chose à faire qu’à manger et à dormir.
Plus tard, en voyageant avec les Arabes, je découvris que nous avions eu pour nos hommes trop de considération : nous voyant sensibles à leurs maux, ils essayaient de nous en imposer et grognaient et geignaient sans cesse. Leurs charges pesaient dix livres de moins que celles des porteurs des traitants ; et les Arabes n’ayant pas de soldats, leurs pagazis, en surcroît du portage, dressaient les tentes, faisaient les hangars, construisaient les cases, élevaient les palissades qui entouraient le harem ; si bien qu’il se passait deux ou trois heures avant qu’ils pussent songer à eux. Chez nous, les tentes étaient dressées par les soldats ; et la tâche d’y placer les lits et les caisses revenait à nos domestiques.