Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/43

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Ces gens-là vivent dans la saleté avec une morgue insouciante qui fait rêver. Des odeurs grasses, des senteurs de vermine qui soulèvent le cœur, sortaient de ces tentes puantes, où les paillots, les matelas, les casseroles, les selles, les enfants nouveau-nés, pêle-mêle, étaient entassés. Des haillons poisseux, des couvertures moisies, des paillasses que l'urée avait jaunies, étendues sur le gazon, séchaient au soleil. Près de moi, une jeune femme, assise sur un chaudron, donnait le sein — un sein noir et allongé comme une mamelle de chèvre — à un enfant de trois mois. Pendant que le poupon tetait le lait tiède qui sortait de cette poche charnue, la mère, très-grave, écrasait entre ses doigts les poux qui couraient sur le crâne de cette petite créature, entre les boucles soyeuses de ses cheveux.

Les enfants de ces sauvages sont presque tout nus. Ce n'est guère qu'à sept ans qu'ils