Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/48

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bohémiens, hommes et femmes, l'imitèrent. Ils priaient. A un signal donné, ils se levèrent pour commencer une danse brusque, faite de contorsions et de déhanchements, qu'avec une mélopée lente et monotone le vieillard accompagnait. Ils prirent des tessons de bouteilles qu'ils disposèrent sur le sol de façon à former un grand cercle autour de la mourante. Le remous des pins que le vent du soir courbait et le cri attristant des chouettes interrompaient seuls cette étrange cérémonie. Une cage se balançait au cul d'une voiture. Le chef se dressa, prit entre ses mains le chardonneret qui l'habitait, revint à pas lents et approcha le bec de l'oiseau de la bouche de la gitane. La jeune fille se roidit, balbutia quelques mots; ses yeux s'illuminèrent de lueurs bleuâtres, puis sa tête, qu'elle voulait soulever, s'affaissa lourdement. Le drame de la mort était fini. Le chef posa une couronne d'olivier