Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/82

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« Enfermez vos livres dans votre pupitre; on vous demande. »

En un clin d'œil j'eus pris mon képi, dégringolé les escaliers et gagné le couloir.

Là, dans l'ombre, adossé à un pilier, je vis se dessiner sur le mur blanc la silhouette de mon père. Il pleurait. Le mouchoir qu'il avait mis sur sa bouche ne parvenait pas à étouffer ses sanglots; de grosses larmes tombaient dans les rides de ses joues et allaient se perdre entre les poils rudes de sa barbe. Il m'embrassa passionnément. Mon cœur se serrait; une vague inquiétude m'emplissait l'âme; je sentais le malheur battre des ailes au-dessus de nous. Mon père n'avait jamais pleuré devant moi ; je lui demandai timidement le motif de sa douleur.

« Thérèse est morte. » me répondit-il en essuyant les larmes qui mouillaient ses yeux, et un long soupir gonfla sa poitrine.