Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/84

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mettre le nez à la portière pour voir le tunnel ; mon père, assis à côté de moi, suivait mes mouvements tout en lisant son journal. Ce matin-là, ce n’était plus la même chose. Tapie dans un angle du vagon, pâle, abîmée dans une rêverie profonde, ma mère semblait dormir ; mon père regardait les poteaux télégraphiques défiler devant lui et remuait tristement la tête.

Nous descendîmes à une petite station, près d’Aix. Un char à bancs nous attendait, à l’ombre derrière la gare ; un paysan, qui n’était autre que le mari de la nourrice de Thérèse, le conduisait. La tête nue, il vint silencieusement serrer la main à mon père. Nous montâmes sur le char ; le paysan fit claquer son fouet, et le bidet, en prenant le trot, s’engagea dans un chemin de traverse bordé de larges pins d’un vert sombre, d’où partirent quelques pies effarées. Les larmes étaient revenues dans les yeux