Page:Camille Allary - Au pays des cigales - nouvelles et contes.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enflammés de mon père. Ma mère ne pouvait plus pleurer; elle restait immobile, accablée, gardant un silence coupé de gros soupirs, fixant constamment le même point au fond de la voiture. Je les regardais tous deux à la dérobée, et, devant cette douleur muette, je sentais la peur s'emparer de moi.

Un quart d'heure après, nous étions arrivés. Le char à bancs s'arrêta en pleins champs, en face du principal corps de logis d'une vieille ferme. Cette habitation semblait déserte : les fenêtres de la façade étaient closes. Un épagneul se mit à aboyer en nous voyant venir; à notre approche, des pigeons s'envolèrent précipitamment du jardin où ils maraudaient.

« C'est là qu'est Thérèse, dit mon père en me montrant la maison de la main. »