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femmes obtenues avait, dans la douceur des rêves, exprimé l’ardente ingénuité d’un désir. Qu’elle fût chère à son frère bien-aimé, cela contentait la logique de son esprit, mais sans expliquer l’aversion singulière de son corps, jusqu’ici fidèle à toutes les attractions charnelles, et faisant de l’amour l’unique ressort des actes et des pensées.

Existait-il donc entre elle et son image rêvée une dissemblance ? Non, puisque à n’en pas douter elle avait fait entendre à Sparyanthis qu’elle savait la corrélation du présage et d’elle-même et que le pli crispé de son sourire l’avait signifié impérieusement au delà du mensonge. Sparyanthis souvent y pensa. Seul peut-être entre tous les devins de l’Étésie, il entrevoyait l’existence d’une région semi-céleste où s’accomplissent des réunions, où se constatent des identités dont les êtres, sur la terre, ne font que témoigner la réalité par leurs apparences. Lié à Alilat par le mensonge et la prescience, il songeait moins à briser ce lien qu’à en limiter l’allongement dans l’avenir.

Cependant coulèrent les jours et les semaines. Parmi les favorites de Sparyanthis prédominait maintenant l’esclave qui l’avait éveillé le matin du retour de Cimmérion. Il avait daigné cueillir tardivement cette fleur vierge, et se divertissait à en faner savamment le charme frais dans le mystère étouffant des galeries