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obscures et parfumées où se complaisait sa vie énervante. Rarement Sparyanthis les quittait pour revêtir son corps de robes féminines et aller respirer l’atmosphère plus naturelle et plus fraîche des bois ombreux qui entouraient son pavillon. Escorté de musiciens et de jeunes gens qui portaient des éventails, des écrans, des encensoirs, il se rendait, par les allées sinueuses où l’art des jardiniers acclimatait des aloès, des palmiers et des fleurs d’Orient, jusqu’à un bassin en forme de demi-lune, complètement bordé d’une haute muraille d’ifs taillés, au sein desquels s’ouvrait comme un regard sa nappe d’eau aromatisée, immuable et silencieuse. Là s’éjouissait la fantaisie de Sparyanthis à étudier les reflets des nudités qu’il invitait aux libertés du bain et parmi lesquelles sa jeune maîtresse excitait l’admiration, jusqu’à ce que le prince, ordonnant la mimique de quelques fables amoureuses, poussât jusqu’à l’extrême réalisation la folâtre esquisse des désirs longuement contenus. Ces fêtes étaient l’amusement favori de Sparyanthis, Cimmérion n’y assistait jamais, dédaignant la volupté délicate qui amollit les muscles d’un homme de guerre, et on parlait avec précaution parmi les Étésiens de ces conciles impudiques où l’adolescent nu, plus beau et plus blanc que toutes les femmes, avec sa chevelure poudrée de mica et son large collier d’émeraudes, dieu nonchalant aux paupières fardées, semblait poursuivre dans la con-